NOTE
DINFORMATION
Après
le retour à la stabilité macro financière en 2000, suite
au choc externe de 1998/1999, l'évolution macro-économique
au cours des années 2001 et 2002 s'est caractérisée par
la consolidation de la stabilité macro-financière.
Les
performances financières se sont améliorées en 2003, année
qui sest caractérisée de plus par une solidité marquée
de la position financière extérieure conjuguée à un fort
taux (6,8%) de croissance économique et une inflation maîtrisée
(2,6%).
1.
L'évolution au cours de lannée 2003 des principaux
indicateurs de la position financière extérieure témoigne
de la bonne viabilité de la balance des paiements et de la
solidité de la position des réserves de change atteinte en
2003.
Les
prix du pétrole ont enregistré une augmentation au premier
semestre (28,9 dollars/baril) de 2003 pour se stabiliser au
second semestre de la même année à ce niveau de
performance. Pour lannée, le prix moyen (28,9
dollars/baril) atteint est bien au dessus de la moyenne
(25,2 dollars/baril) enregistrée
en 2002.
Le
montant des exportations d'hydrocarbures est évalué à
11,98 milliards de dollars au second semestre de l'année
2003, soit le montant réalisé au premier semestre de la même
année, totalisant environ 23,95 milliards de dollars pour
toute lannée. Ces performances dépassent
significativement les réalisations semestrielles (8,2 et
9,9 milliards de dollars) et annuelle (18,1 milliards de
dollars) de l'année 2002. Il importe de rappeler que pour
lannée 1999, les exportations dhydrocarbures
navaient totalisé que 11,9 milliards de dollars.
Les
importations Fob ont enregistré en 2003 une poursuite de la
tendance haussière qui a commencé au cours de lannée
2002. Ainsi, le niveau des importations est évalué à 13,3
milliards de dollars pour 2003, dont environ 7 milliards de
dollars au second semestre, contre 12 milliards de dollars
en 2002.
Cette
augmentation s'explique, principalement, par l'accroissement
des importations des biens d'équipement corrélative à
laugmentation du taux de croissance et à lamélioration
du taux d'investissement dans l'économie nationale. Ce
montant des importations comporte également un effet de
valorisation due à la forte appréciation (20%) de l'euro
par rapport au dollar.
Le
compte courant de la balance des paiements a enregistré une
performance particulière au premier semestre de l'année
2003 avec un excédent de 4,8 milliards de dollars, légèrement
supérieur à celui de l'année 2002. Avec un excédent
moindre au second semestre 2003, le surplus annuel a été
de près de 8 milliards de dollars. Ce qui représente
environ 12 % du produit intérieur brut en 2003 contre
seulement 7,8 % en 2002.
Une
telle consolidation de la situation des paiements extérieurs
courants en 2003 s'est conjuguée avec un élargissement
substantiel du déficit au titre du poste services (nets)
(environ 1 milliard de dollars)
de la balance des paiements.
Corrélativement
à laugmentation du surplus du compte courant de la
balance des paiements, le déficit du compte capital sest
stabilisé en 2003 par rapport au niveau (700 millions de
dollars) de lannée 2002, après l'amenuisement enregistré
durant les années 2000 2001. D'où la nécessité de la
poursuite de l'objectif d'un équilibre du compte capital de
la balance des paiements.
Au
total, l'excédent de la balance globale des paiements extérieurs
est estimé à environ 7 milliards de dollars pour lannée
2003, dont 3 milliards de dollars au titre du second
semestre, soit près du double de l'excédent global de
l'année 2002 qui avait atteint 3,6 milliards de dollars.
La
consolidation renforcée de la balance des paiements extérieurs
est bien reflétée par laccumulation accrue des réserves
officielles de change qui ont atteint 32,9 milliards de
dollars à fin décembre 2003, après un passage de 23,1
milliards de dollars à fin décembre 2002 à 28,49
milliards de dollars à fin juin 2003. Leur niveau avait
atteint 11,91 milliards de dollars à fin décembre 2000,
lannée qui a en fait constitué le début de la
reconstitution des réserves officielles de change après le
"choc" externe de 1998-1999. A la fin de la période
de rééchelonnement, cest à dire lannée 1998, les réserves
officielles de change nétaient que de 6,8 milliards de
dollars à fin décembre.
Les
fondamentaux pour l'équilibre du marché interbancaire des
changes sont demeurés bons en 2003, malgré les mouvements
forts sur les marchés de change internationaux et en
particulier le renchérissement fort de l'euro par rapport
au dollar E.U et aux autres devises. Cest
dans ce contexte que la Banque dAlgérie a poursuivi une
politique de stabilisation du taux de change effectif réel
du dinar, en cohérence avec la conduite prudente de la
politique monétaire.
Cest
ainsi que leffet négatif de lappréciation de leuro,
à partir de Mai
2003, sur léconomie nationale est resté limité, grâce
à la gestion des réserves de change menée par la Banque
dAlgérie qui a intégré ce retournement des marchés de
change internationaux en termes de parité euro/dollar.
En
effet, l'évolution des cours de change du dinar par rapport
au dollar E.U. et à l'euro reflète, dans une large mesure,
cette conjoncture des marchés de change
des principales devises. Le cours dinars/dollar
s'est situé à 72,6 dinars pour un dollar à fin décembre
2003 contre 78,37 dinars pour un dollar à fin juin 2003 et
79,72 dinars/dollar à fin décembre 2002. Pour ces mêmes
fins de période, le cours dinars/euro était respectivement
de 91,26, 89,79
et de 83,45.
Enfin,
sous langle de la viabilité de la position financière
extérieure, il est à souligner également la poursuite de
lamélioration des indicateurs de performance de la dette
extérieure :
-
Recul
significatif du ratio de service dette à 17,7 % en 2003
contre 21 % en 2002 et 47,7 % en 1998, année de fin du
rééchelonnement ;
-
Recul
important du ratio encours dette/produit intérieur brut
à 35 % en 2003 contre 42 % en 2002 et 64,8 % en
1998 ;
-
Diminution
du ratio encours dette/recettes dexportations à 0,94
en 2003 contre 1,18 en 2002 et 2,80 en 1998 ;
-
Légère
augmentation de lencours de la dette extérieure à
moyen et long terme à 23,2 milliards de dollars à
fin 2003, après une stabilisation à 22,5 milliards de
dollars en 2002. Cette augmentation est due à leffet
valorisation inhérent à la dépréciation du dollar
E.U par rapport principalement à leuro et à la
mobilisation demprunts contractés par des
entreprises à capitaux étrangers et non garantis par
lEtat.
2.
L'amélioration de la situation des finances publiques en
2000 - 2002 a
permis le lancement à partir de mi-2001 dun important
programme de soutien à la relance économique 2001-2004,
dans un contexte dimportants excédents globaux du Trésor
pour les années 2000 et 2001.
La
viabilité des finances publiques constitue un appui à la
poursuite d'une
mise en uvre prudente du programme de relance, à mesure
que l'élargissement de la sphère budgétaire est, de
facto, induit par la nécessaire prise en charge des effets
du séisme du 21 mai 2003.
En
effet, l'impulsion apportée par la sphère budgétaire à
la reprise de la croissance a été significative dès 2002
et s'est bien poursuivi au cours de lannée 2003.
Pour
2003, lexcédent global du Trésor est estimé à environ
3 % du produit intérieur brut, soit une performance égale
à celle de 2001. La capacité de financement du Trésor
sexprime également à travers son
stock dépargnes financières matérialisé
essentiellement par les dépôts auprès de la Banque
dAlgérie.
Les
dépôts du Trésor auprès de la Banque dAlgérie ont
enregistré une tendance haussière au premier semestre de
2003, soit un encours de 599,56 milliards de dinars à fin
juin contre seulement 430,61 milliards de dinars à fin décembre
2002. A fin décembre 2003, lencours de ces
dépôts du Trésor sest situé à 591,5 milliards
de dinars, suite à dimportants décaissements au profit
des banques publiques dans le cadre du remboursement de
la dette publique.
3.
La nette amélioration de la liquidité bancaire et la
consolidation marquée de la position financière extérieure
ont constitué le principal déterminant de l'évolution de
la situation monétaire au cours de l'année
2003.
En
effet, la très importante augmentation des réserves
officielles de change en 2003 est reflétée par la tendance
bien haussière de l'agrégat avoirs extérieurs nets de la
Banque d'Algérie qui a atteint 2408 milliards de dinars à
fin décembre 2003 contre 2154,8 milliards de dinars à fin
juin 2003 et 1742,7 milliards de dinars à fin décembre
2002.
Le
niveau des avoirs extérieurs nets qui avait dépassé la
masse monétaire au sens de M1, c'est à dire la monnaie
fiduciaire en circulation ainsi que les dépôts à vue, à
partir de 2001, a bien atteint 72,5 % de lagrégat monétaire
M2 (masse monétaire M1 plus les dépôts à terme) à fin décembre
2003, alors quil nétait que de 9,5 % à fin 1999.
Il
s'agit là d'un phénomène monétaire nouveau caractéristique
de l'évolution bien positive de la situation monétaire au
cours de lannée 2003, faisant émerger l'agrégat avoirs
extérieurs nets comme la quasi unique source de création
monétaire par le système bancaire. Ce qui confirme bien
que les réserves officielles de change sont devenues la
principale contrepartie de l'agrégat masse monétaire
(signes monétaires au sens de M2). Il sagit là dune
garantie appréciable des signes (liquidités) monétaires
dans léconomie
nationale.
Corrélativement,
lévolution de la situation de la liquidité des banques
au cours de lannée 2003 s'est caractérisée par un
contexte d'excès doffres de liquidité bancaire plus
marqué sur le marché monétaire interbancaire.
Pour
faire face à l'excès de liquidités sur le marché monétaire
interbancaire et asseoir un contrôle efficace de la
liquidité bancaire, la Banque d'Algérie a continué
dactiver le nouvel instrument indirect de politique monétaire
en augmentant le montant de ses opérations de reprises de
liquidités sur le marché monétaire.
Ces
reprises de liquidités par appel d'offre qui ont été
engagées en avril 2002 avec un montant de 100 milliards de
dinars ont atteint 200 milliards de dinars en juin 2003 et 250 milliards de dinars en décembre 2003 contre seulement
129,7 milliards de dinars en décembre 2002.
De
plus, pour assurer un "réglage" fin de la
liquidité bancaire, la Banque d'Algérie a maintenu tout au
long de lannée 2003 l'instrument réserve obligatoire,
dont le taux a été porté à 6,25 % en décembre 2002.
Ces
deux instruments indirects ont permis à la Banque d'Algérie
d'opérer des ponctions additionnelles de liquidités
bancaires, pour prévenir tout risque dinflation.
Les
dépôts des banques auprès de la Banque d'Algérie (y
compris au titre de la réserve obligatoire et hors les dépôts
inhérents aux reprises de liquidité) ont atteint 361,2
milliards de dinars à fin décembre 2003 contre 246,3
milliards de dinars à fin juin 2003 et 168,7 milliards de
dinars à fin décembre 2002. Il importe de souligner
l'absence de tout recours au refinancement auprès de la
Banque d'Algérie depuis le début de l'année 2002.
L'évolution
de la situation monétaire au cours de lannée 2003
montre que lagrégat monétaire (M2) a enregistré une
croissance de 15,1 %, dont 9,6 % pour le seul premier
semestre, sous l'effet principalement de la forte
augmentation des avoirs extérieurs nets. Il sagit là de
la poursuite du recul du taux dexpansion monétaire qui
était de 17,3 % en 2002 et de 22,3 % en 2001.
Cette
décélération monétaire est appréciable dans un contexte
de deux années (2002 et 2003) pleines de mise en uvre du
programme de soutien à la relance économique. Cest
ainsi que la conduite de la politique monétaire a contribué
à la maîtrise de linflation et à la croissance économique.
La
croissance monétaire au cours de lannée 2003, notamment
en termes de disponibilités quasi-monétaires (15,8 % pour
lannée dont 10,6% au second semestre), sest conjuguée
avec une augmentation de 11,3 % des crédits à l'économie,
dans un contexte de conditions monétaires bien favorables
(diminution dun point du taux de réescompte en mai 2003,
liquidités bancaires bien accrues et fonds prêtables
potentiels significatifs,
).
Malgré
la reprise des crédits à léconomie à partir de
lannée 2001, le ratio crédits à léconomie/produit
intérieur brut reste faible comparativement aux autres pays
sud méditerranéens. Cet indicateur de niveau dintermédiation
bancaire est, cependant, en amélioration pour les trois
dernières années.
L'augmentation
des moyens d'action des banques a été appréciable en
2003, soit un taux de croissance de 10,4 % pour les dépôts
à vue et de 15,8 % pour les dépôts à terme. Il sagit
là dun bon ancrage pour lamélioration soutenue de
lintermédiation bancaire.
L'agrégat
monnaie fiduciaire, qui est évalué à 778,8 milliards de
dinars à fin décembre 2003 contre 714,7 milliards de
dinars à fin juin 2003 et 664,6 milliards de dinars à fin
décembre 2002, s'est donc accru de 17,2% pour 2003 dont 8,9
% au second semestre. En 2003, le ratio monnaie fiduciaire /
M2 a augmenté, alors quil avait enregistré
une tendance baissière ces dernières années.
Cela
constitue une opportunité additionnelle pour une intermédiation
bancaire efficiente, dautant plus que les ratios M1/PIB
et dépôts à terme/PIB enregistrent un trend à la hausse
depuis lannée 2001. Il reste que malgré cette autre amélioration
de lintermédiation bancaire, les ratios atteints en la
matière demeurent en deçà de ceux enregistrés dans les
pays sud méditerranéens. Il est également utile de
rappeler que la place bancaire sest vite stabilisée en
2003 après la cessation de paiements et la faillite de deux
banques.
La
croissance de la masse monétaire (M2) au cours de lannée
2003 s'explique principalement par le rythme élevé
d'expansion des dépôts à terme (15,8 %) et dans une
moindre mesure par l'expansion des dépôts à vue (11,9 %).
Cela résulte de l'évolution de deux agrégats, à savoir :
-
L'accumulation
accrue d'épargnes financières (dépôts à vue) par
les entreprises du secteur des hydrocarbures, représentant
une partie de la monétisation de leurs recettes
d'exportations, et les ménages ;
-
L'augmentation
des dépôts à terme en dinars, principale composante
de la masse monétaire M2.
Au
total, la masse monétaire (M2) est évaluée à 3340
milliards de dinars à fin décembre 2003 contre 3146,5
milliards de dinars à fin juin 2003 et
2901,5 milliards de dinars à fin 2002. La structure
de la masse monétaire (M2), à fin décembre 2003, est
comme suit :
-
Monnaie
fiduciaire (pièces et billets en circulation) pour
778,7 milliards de dinars ;
-
Dépôts
à vue pour 841,2 milliards de dinars ;
-
Quasi-monnaie
(dépôts à terme en dinars et dépôts en devises)
pour 1720 milliards de dinars.
Au
total, la bonne tenue de ces principaux indicateurs monétaires
et financiers confirme la stabilité monétaire, elle même
ancrée sur une solidité marquée de la position financière
extérieure de lAlgérie.
Il
est important de souligner quil est apparu ces deux dernières
années une corrélation entre le développement du secteur
bancaire et la reprise de la croissance de léconomie
nationale. Compte tenu des conditions macroéconomiques
favorables (maîtrise de linflation, taux dépargne élevé,
programme dinvestissements publics,
) et des
dispositifs et mesures de soutien mis en place récemment,
il appartient au secteur bancaire, dans le cadre dune
intermédiation efficiente, dapporter une contribution
plus accrue à lactivité économique.
Les
conditions monétaires favorables sont propices pour une amélioration
soutenue des ratios dintermédiation bancaire notamment
une bonne reprise des crédits à l'économie orientés vers
linvestissement productif et les PME.