Intervention de Mr le Gouverneur Rosthom FADLI à l’occasion de la rencontre avec les banques et établissements financiers
21 décembre 2021
L’année 2021, et en dépit de la persistance de la pandémie de COVID-19, est marquée par une reprise progressive de l’activité économique, la croissance mondiale est projetée à 5,88 % à fin 2021 contre une contraction enregistrée de 3,12% en 2020.
septembre 2021 et décembre 2020.
Il conviendrait de noter que les niveaux actuels de tous les indices des prix susmentionnés sont très élevés par rapport aux niveaux d’avant la pandémie, ce qui indique la sévérité persistante de cette crise sanitaire et économique, et ses effets persistants sur l’inflation mondiale.
Au niveau du secteur réel national
Après avoir enregistré une contraction au cours de l’année 2020, la reprise de l’activité économique nationale, entamée au premier trimestre 2021 (+2,3 %), s’est poursuivie au cours du deuxième trimestre 2021 atteignant ainsi une croissance appréciable de 6,4 %, contre une forte contraction de 10,3 % au deuxième trimestre 2020.
Cette croissance du PIB réel est corrélée à la hausse de la croissance de la quasi-totalité des grands secteurs de l’économie nationale hormis celui de « l’Agriculture » qui a accusé un léger recul de 0,3 % au deuxième trimestre 2021, contre une croissance de 1,4 % à la même période de l’année précédente. Ce recul est du notamment aux conditions climatiques défavorables.
Hors hydrocarbures, la croissance du PIB a atteint 6,1 % au deuxième trimestre 2021 contre un fort repli de 11,5 % au deuxième trimestre de l’année précédente.
Le premier secteur ayant contribué à la progression de l’activité économique au, deuxième trimestre 2021, est celui du « BTPH » qui a enregistré une forte croissance de 13,7 % contre -20,0 % une année auparavant. Le deuxième secteur est celui des « hydrocarbures » qui a connu une croissance de 11,0 % contre un repli de 5,3 % au deuxième trimestre 2020. Les « Services marchands » affichent une croissance de 10,2 % contre un fort repli de 18,0 % une année auparavant. Le secteur de « l’Industrie » à lui aussi réalisé une croissance appréciable de 9,3 % au deuxième trimestre 2021 contre un repli de 5,3 % au deuxième trimestre 2020.
Balance des paiements
L’évolution de la balance des paiements est caractérisée par un fort recul du déficit de la balance commerciale de 8,933 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de 2021, et ce, comparativement à la même période de l’année 2020. Où le déficit est passé de 10,504 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 1,571 milliard de dollars à fin septembre 2021. Ce recul important du déficit est dû principalement à la forte hausse des exportations de biens qui sont passé de 16,240 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 26,402 milliards de dollars à fin septembre 2021 (+62,3%).
Au cours des neuf premiers mois de 2021, le prix moyen du pétrole a enregistré une hausse de 66,6 %, passant ainsi de 41,365 dollars US/baril, au cours de la même période de l’année écoulée, à 68,917 dollars US/baril.
Parallèlement, les quantités d’hydrocarbures exportées exprimées en Tonne Equivalent Pétrole (TEP), ont augmenté de 20,9%. Par conséquent, la valeur totale des exportations des hydrocarbures a enregistré une forte hausse de 57,3 %, passant de 14,868 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 23,387 milliards de à fin septembre 2021.
De même, les exportations de biens hors hydrocarbures ont enregistré une hausse très appréciable, atteignant 3,015 milliards de dollars au cours de la période sous revue contre 1,372 milliards dollars à fin septembre 2020 (+120 %). Quant aux importations de biens, elles ont légèrement augmenté de 4,6 % entre septembre 2020 et septembre 2021, passant ainsi de 26,744 milliards de dollars à 27,973 milliards de dollars.
Aussi, les exportations de services ont connu une stagnation relative à fin septembre 2021, passant de 2,273 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 2,300 milliards de dollars à fin septembre 2021Alors que les importations de services, au cours des neuf premiers mois de 2021, ont enregistré une baisse de 630 millions de dollars, passant ainsi de 5,644 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 5,015 milliards de dollars à fin septembre 2021.
Au total, les exportations de biens et services ont atteint 28,702 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de 2021 contre 18,513 milliards de dollars à la même période de 2020, soit une forte hausse de 10,189 milliards de dollars (+55,04 %). Quant aux importations de biens et de services, ils ont connu une très légère hausse de 1,85 %, passant de 32,388 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 32,988 milliards de dollars au cours de la période sous revue.
Ainsi, sous l’effet d’un fort rétrécissement du déficit de la balance commerciale et du recul appréciable du poste « services, hors revenus des facteurs » au cours des neuf premiers mois de 2021, le déficit du solde du compte courant à fortement reculé de 8,948 milliards de dollars. Passant de 14,491 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 5,543 milliards de dollars à fin septembre 2021.
Le solde du compte capital et des opérations financières affiche, à fin septembre 2021, un excédent de 3,104 milliards de dollars contre 2,493 milliards de dollars à fin septembre 2020. Soit en hausse de 611 millions de dollars.
Ces évolutions favorables ont induit une forte contraction du déficit du solde global de la balance des paiements de près de 10 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de l’année 2021, et ce comparativement à la même période de 2020. En effet ce déficit est passé de 11,998 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 2,439 milliards de dollars à fin septembre 2021.
En conséquence, les réserves de change, y compris les DTS et hors Or, ont atteint 44,724 Milliards de dollars à fin septembre 2021.
Evolution du dinar contre le Dollar US et l’Euro
Les évolutions du cours du dinar algérien demeurent fortement corrélées à l’évolution des fondamentaux économiques et aux fluctuations des principales monnaies de réserve sur les marchés internationaux des changes.
Ainsi, en moyenne des onze premiers mois de l’année 2021, le dinar algérien s’est déprécié de 6,21 % contre le dollar américain par rapport à la même période de l’année précédente où les cours enregistrés étaient de 134,7387 USD/DZD en 2021 et de 126,3681 USD/DZD en 2020.
En termes de variation de fin de période, le dinar algérien vis-à-vis du dollar américain a connu une dépréciation de 6,86% passant de 129,1328 USD/DZD à fin novembre 2020 à 138,6286 USD/DZD à fin novembre 2021, et une dépréciation de 4,69 % entre fin novembre 2021 et fin 2020 où le cours enregistré était de 132,1319 USD/DZD.
Contre l’euro, le dinar algérien s’est déprécié de 10,38 % en termes de moyenne des onze premiers mois de 2021 par rapport à la même période de l’année précédente où les cours enregistrés sont de 160,0275 EUR/DZD en 2021 et de 143,4207 EUR/DZD en 2020.
En termes de variation de fin de période, le dinar algérien vis-à-vis de l’euro a connu une dépréciation de 1,69 % passant de 154,3977 EUR/DZD à fin novembre 2020 à 157,0593 EUR/DZD à fin novembre 2021, et une appréciation de 3,4% entre fin novembre 2021 et fin 2020 où le cours s’est établi à 162,4034 EUR/DZD.
Situation monétaire
La masse monétaire M2 a enregistré une croissance de 12,79% durant les dix premiers mois de l’année en cours, atteignant ainsi 19 918,39 milliards de dinars contre 17 659,64 milliards de dinars à fin décembre 2020.
Cette croissance est due essentiellement à la hausse de l’agrégat M1 de 16,41 %, passant de 11 901,82 milliards à dinars à fin décembre 2020 à 13 854,50 milliards de dinars à fin octobre 2021. Les dépôts à terme ont connu une progression de 5,32 %, atteignant ainsi 6 063,89 milliards de dinars à fin octobre 2021 contre 5 757,82 milliards de dinars à fin décembre 2020.
L’évolution des dépôts à vue, à fin octobre 2021, a été marquée par une forte croissance de l’ordre de 23,54 %, passant de 4 210,00 milliards de dinars à fin 2020 à 5 201,23 milliards de dinars à fin octobre 2021. La hausse des dépôts à vue est due essentiellement à la croissance des dépôts à vue de la société nationale des hydrocarbures.
Par secteur juridique, à fin octobre 2021, les dépôts à vue du secteur public ont connu une hausse de 46,20 %. De même, les dépôts à vue des entreprises privées et des ménages ont augmenté respectivement de 6,68 % et de 3,59 %. Rappelons que les dépôts à vue représentent à fin octobre 2021, 26,1 % de la masse monétaire contre 23,8 % à fin décembre 2020.
Pour ce qui est des dépôts à terme, avec une part de 30,4 % dans la masse monétaire à fin octobre 2021 contre 32,6 % à fin décembre 2020, ils ont atteint 6 063,89 milliards de dinars, soit une progression de 5,32 %.
A fin octobre 2021, les dépôts à terme en dinars du secteur public ont connu une baisse de 0,43 %, contrairement à ceux des entreprises privées et ceux des ménages qui ont enregistré une hausse de 3,84 % et de 6,75 % respectivement. Quant aux dépôts en devises, ils ont crû de 9,74 % atteignant ainsi 927,21 milliards de dinars à fin octobre 2021.
Les crédits à l’économie ont enregistré une hausse de 3,82 % passant de 11 182,29 milliards de dinars à fin décembre 2020 à 11 609,37 milliards de dinars à fin octobre 2021. Ainsi, les crédits octroyés par les banques publiques ont augmenté de 3,24 % et ceux octroyés par les banques privées ont crû de 8,16 % au cours des dix premiers mois de 2021.
Les crédits aux entreprises publiques, aux entreprises privées et aux ménages, ont augmenté respectivement de 4,80 %, 1,99 % et 7,11 % à fin octobre 2021.
Liquidité bancaire
La liquidité bancaire s’est contractée suite aux répercussions économiques de la crise sanitaire. Néanmoins, corrélativement aux mesures d’assouplissements monétaires, le niveau de la liquidité globale des banques s’est sensiblement amélioré à partir d’octobre 2021 passant de 632,3 milliards de dinars à fin décembre 2020 à 1 485,6 milliards de dinars à fin novembre 2021. Ainsi, cette hausse est la résultante directe des politiques monétaires décidées par la Banque d’Algérie en matière de baisse du taux des réserves obligatoires.
Il est à rappeler que ce taux a été ramené à 2% le 15 février 2021 après l’avoir baissé de 10 % à 8 % le 15 mars 2021, de 8 % à 6 % le 15 mai 2020 et de 6 % à 3 % le 15 septembre 2020.
Aussi, la banque d’Algérie a procédé à l’augmentation des seuils de refinancement des titres publics négociables, à l’allongement de la durée du refinancement de sept (7) jours à un (1) mois et à la satisfaction totale des
demandes de refinancement des banques.
Enfin, pour soutenir le plan de relance économique la Banque d’Algérie a mis en place, le premier juillet 2021, un programme spécial de refinancement, d’une durée d’une année, renouvelable deux fois, au taux directeur et plafonné à 2 100 milliards de dinars.
Evolution de l’inflation
En Octobre 2021, les prix à la consommation de la ville d’Alger ont progressé de 1,3 % par rapport au mois de septembre 2021. Cette hausse résulte essentiellement des prix des biens alimentaires qui ont augmenté de 2,3 % en octobre 2021, elle est soutenue par la forte croissance des prix des produits agricoles frais qui ont inscrit une évolution de 4,1 % en octobre 2021.
Par rapport au même mois de l’année précédente, l’inflation globale s’est accélérée de 5,96 point de pourcentage en une année pour atteindre 9,2 % en octobre 2021. Cette évolution reflète la forte hausse des prix des biens alimentaires, passant de 1,8 % en octobre 2020 à 14,4 % en octobre 2021, en lien avec la forte croissance des prix des produits agricoles frais qui ont inscrit une évolution de 16,5 % en octobre 2021 contre 1,9 % le même mois de l’année écoulée. Les prix des biens manufacturés sont restés en hausse, atteignant un taux de 6,2 %, les prix des services ont évolué de 2,3 % en octobre 2021 contre 0,7 % le même mois de l’année précédente.
En dépit des forts bouleversements subis par l’économie algérienne, il est important de noter que les politiques de réponses monétaire ont permis d’atténuer dans une très large mesure l’impact de la crise sanitaire aussi bien sur le secteur réel que sur le système financier en contexte de position extérieure globale confortable.